En 2011 au Canada, on estime à 23 400 le nombre de femmes qui recevront un diagnostic de cancer du sein et à 5 100 le nombre de celles qui en mourront. En moyenne, chaque jour, 64 Canadiennes apprendront qu'elles sont atteintes du cancer du sein et 14 Canadiennes mourront des suites de la maladie. Une femme sur neuf risque d'avoir un cancer du sein au cours de sa vie. Une femme sur 29 en mourra. Le 16 décembre 2011, je suis devenue officiellement une des 23 400 femmes ayant un diagnostic de ce cancer. En 2021, on estime que 229 200 Canadiens recevront un diagnostic de cancer et que 84 600 décèderont du cancer.


jeudi 10 mai 2012

Chimiothérapie 3

Pour ceux qui arrivent sur ce blogue pour la première fois,  je suggère de commencer par le début. Les liens sont présentés par ordre chronologique dans la colonne de droite.

Mardi 8 mai 2012

Premier faux pas : j’ai oublié les quatre doses de cortisones à prendre 24 h avant le traitement. J’en préviendrai la pharmacienne de l’hémato-oncologie qui en tiendra compte dans la prémédication avant la chimio.

Levée à 6 h, préparer collation (yogourt, clémentine, avelines, eau), douche, vêtements confortables et chauds, carnet de notes indispensable à ma mémoire, traversée du pont Dubuc à 7 h 40. Stationnement facile pour une fois. J’ai le pas fragile et tiens solidement la main de mon compagnon. Je monte vers le centre de traitement sans rien anticiper : ni douleur, ni les jours suivants. Je suis totalement dans le présent. J’en suis à la phase trois.

Je connais la routine : prendre numéro et attendre l’appel pour passer à la réception, dépôt feuille de route au comptoir du centre de traitement, attendre ouverture de la pharmacie pour confirmer ma présence et retour à salle d’attente, une fois encore très occupée. Dans la rangée du fond une dame soleil. Un chapeau du même jaune que son veston couvre la nudité de son crâne; cela fait du bien au regard de la voir si sereine, presqu’enjouée, se demandant si, elle la première arrivée, n’a pas été oubliée tandis que commence l’appel des numéros. À mes côtés un homme me raconte son cancer de la peau, lui qui ne va jamais au soleil. Cela a commencé sous le pied, mais il a fallu du temps avant d’avoir un bon diagnostic. Il n’est pas très optimiste et confie sa solitude dans le sous-sol où il demeure après un long séjour à l’hôpital. Plus tard dans la journée, j’entendrai à la télévision que « Le taux de mortalité pour tous les cancers au Canada a diminué de 21% chez les hommes et de 9% chez les femmes de 1988 à 2007.  […]  La Société canadienne du cancer prévoit qu'il y aura dans l'ensemble 47 600 nouveaux cas de cancer au Québec en 2012, et que 20 000 décès seront imputables à la maladie. » (Source : TVA )

Me voilà à la première phase : ma prise de sang a été faite la veille. On y gagne en temps pour le matin de la séance de chimio, mais cela permet surtout d’être prévenue si les plaquettes trop basses imposent de retarder le traitement. C’est la pesée : encore quelques kilos en moins, rien d’alarmant; j’avais - que dis? - j’ai de bonnes réserves. On poursuit avec l’installation du cathéter. J'ai droit à la dame douce de la dernière fois qui forme une nouvelle recrue. Les veines disponibles se raréfient. Elle en trouve une qui semble convenir. Hélas, il me faudra y revenir.

Passage à la pharmacie pour recevoir la cortisone de la phase 4 et transmettre la feuille de poids, donnée essentielle pour ajuster les doses de la chimio. Dès 9 h, mon infirmière, Geneviève m’installe dans le fauteuil numéro 8. Prise de la pression : 118-53 et prémédication : d’abord le bénadryl : sensation de brûlure

-    C’est normal, me rassure Geneviève.

Moi, j’ai un doute pourtant, car la sensation est plus intense que lors de la dernière séance

À 9 h 15, on passe ensuite au Zantac, puis on démarre  le Procytox (Cyclophosphamide) pour 30 minutes.

Mais la veine devient rouge et la trace ne cesse de monter vers le coude. J’explique qu’à la première séance, il avait fallu repiquer ailleurs. L’infirmière chef vient confirmer l’inquiétude de Geneviève. On me débranche et m’expédie au lieu d’installation des cathéters. C’est Jacques Savard qui s’occupe de moi.

-    Ça va piquer, prévient-il.

Je l’avoue, avec lui on sent passer l’aiguille… et pas qu’un peu. Premier essai refusé. Second essai trop incertain. Il tente une troisième fois en allant plus haut sur l’avant bras. C’est la bonne et le pincement oublié, le traitement va pouvoir reprendre bientôt, sans autre problème de veine. Enfin!  me dis-je : j’ai de la veine non?

À 10 h 10, visite de Karine, mon infirmière pivot, tandis que le Procytox coule en moi depuis 15 minutes. Elle me gronde un peu de n’avoir pas été prudence lors de la fièvre qui m’a affectée pendant deux jours. Le risque est toujours grand d’une infection, sachant surtout à quel point ma bouche a été attaquée. Ne pas oublier que la chimiothérapie affecte le système immunitaire et me rend plus sensible aux infections. Si je ressens de nouveau une fièvre de plus de 38,5 qui persiste plusieurs heures, c’est direction urgence où l’on pourra me traiter rapidement aux antibiotiques. 

À  10 h 25, en route pour le Taxatère. Seconde couverture chauffée, bassin de glace pour les ongles et départ de douceur à raison de 50 ml/h pendant 20 minutes. Tout va bien. À 10 h 52, 100 ml/h pour 20 minutes. Petite douleur à la poitrine et à la jambe droite, mais très supportable. À 11 h 10 on augmente à 200 ml/h pour 20 minutes. La douleur légère persiste, mais je me sens capable de continuer. À 11 h 30, c’est la totale : 400 ml/h . La barre dans la poitrine subsiste, mais c’est au dos que je sens une douleur croissante. Un barre horizontale entre les omoplates et un point brutal au creux de la colonne. Une toux sèche alerte mon infirmière. Il est 12 h 10, elle suspend le traitement et contacte la pharmacie. On hésite à me donner plus de médication. Un temps de repos s’impose, les douleurs s’estompent et le traitement reprend à 12 h 43 au rythme de 200 ml/h jusqu’à la fin.  Je quitte mon fauteuil à 13 h 30, une fois le rinçage des veines terminé.

Visite au médecin

Oh! joie. Rejean a devancé mon appel pour attendre avec moi la visite du Dr Houde. Il nous accueille gentiment tout en remettant de l’ordre sur la table de consultation. Il a toujours une petite tâche anodine à faire avant d’entreprendre la conversation. Je le soupçonne de profiter de cette ambiance bon enfant pour capter les ondes et sentir l’état d’esprit de son patient.

-    Les prises de sang sont belles, dit-il enfin. Mais à la limite de l’anémie.
-    Que puis-je faire pour l’éviter?
-    Arrêter la chimiothérapie, fait-il en souriant. Il n’y a rien à faire, sinon prendre soin de vous.

L’anémie explique mes étourdissements et ma fatigue. Il me recommande la patience pour les 10 à 12 jours qui m’imposent un temps mort.

-    Patience dit-il. Le corps se bat. Et c’est un très bon signe.
-    Et que fait-on maintenant?
-    Maintenir les soins tels que reçus depuis la seconde séance. Combattre la douleur avec la morphine, surveiller la température et ne pas hésiter à se rendre à l’urgence si elle persiste plusieurs heures en continu à plus de 38,3 – 38,5
-    Et la prochaine séance?

-    29 mai et je vous revois tout de suite après.

Bonheur de retrouver la maison. Picotement dans la bouche aussitôt pris en charge par le « magic mouth ». À 17 h 30, 16 mg de cortisone. Et pour la nuit, même si le mal de dos est supportable, je prends 2,5 mg de MS-IR. Je dormirai jusqu’à 4 h 44 du matin.

Le jour 1 de l’après 3e séance va commencer.

***



5 commentaires:

  1. Claude Lamarche10 mai 2012 à 22:56

    Via FB :Grande sagesse de la dame d'honneur! Salutations!

    RépondreSupprimer
  2. Guylaine Rivard10 mai 2012 à 22:58

    Via FB : Touchée...Voilà.

    RépondreSupprimer
  3. Via FB : Bonne chance Christiane, tu es une battante! Bisous de Belgique!

    RépondreSupprimer
  4. Josée Beaumont10 mai 2012 à 23:02

    Via FB : Ouf! Éliminons l'ennemi... Et je crois que vos mots ont le pouvoir de le faire.... Continuez! xxxxx

    RépondreSupprimer
  5. courage cousine,tu vaincras,et tu es bien soutenue par tes amis et connaissances,ca compte aussi,c'est seulement triste que j'ai fait connaissance avec toi à ce moment ,mais ici en belgique,tu l'as remarqué,tu as du soutien aussi ,bises

    RépondreSupprimer